Comprendre et collaborer avec la Génération Z : Les clés d’une conférence inspirante
Récemment, j’ai assisté à une conférence fascinante animée par Véronique Rousseau, sociologue des organisations (en photo ci-dessous). Son analyse percutante et pleine d’humour sur l’évolution des Générations au fil des décennies m’a fortement interpellée.
Je suis arrivée avec en tête tous les clichés sur la Génération Z : des jeunes peu investis, attachant peu d’importance au travail et obsédés par des gains rapides.
Véronique a profondément changé ma perception de la réalité de cette génération. C’est pourquoi j’ai ressenti l’envie de vous partager les enseignements inédits issus de cette intervention inspirante.
La vraie découverte pour moi, c’est que cette génération est très proche de son ressenti et de ses émotions. Elle ne se protège pas derrière une carapace comme les générations précédentes (notamment dans le cadre du travail).
C’est pourquoi ces jeunes seront vraisemblablement moins soumis aux Burn-out que les génération X ou Y. En effet, ils expriment rapidement leur malaise au travail et n’hésitent pas à partir quand cela ne va plus. Ils vivent dans le présent.
Autre constat : la génération Z a perdu confiance…
Il va falloir du temps pour la restaurer… Avec des preuves tangibles, sur du long terme, de la part des entreprises et de ceux qui les composent, et aussi de la proximité.
Les jeunes attendent un discours authentique sur ce qui est vraiment possible.
Comme le soulignait Véronique, ils sont à l’image de notre société d’aujourd’hui. Ils ne viennent pas de nulle part, ce ne sont pas des « sales gosses ». Ils correspondent à la logique de notre époque. Le monde VICA (Volatilité, Incertitude, Complexité, Ambiguïté) a démarré il y a plusieurs décennies et ne cesse de s’accentuer.
Cette génération ayant commencé à intégrer massivement le monde du travail, nous allons dons devoir composer avec des attitudes qui nous dépassent souvent.
Si nous continuons à recruter en espérant qu’un candidat reste « au moins 3 ans » ou à manager les jeunes de façon collective et descendante, nous allons droit dans le mur.
Les entreprises qui ne chercheront pas à s’adapter et à tirer parti des nouvelles attitudes de la jeune génération resteront figées dans le passé, tandis que le monde avancera sans elles.
🎯 Qui sont les jeunes de la Génération Z ?
- Ils veulent entrer tôt dans la vie active, souvent via l’alternance ou l’apprentissage.
- Leur moteur : vivre une expérience forte et ressentir des émotions au travail.
- Ils fonctionnent comme des sprinters : capables de s’investir intensément, mais sur des périodes courtes. Et surtout, ils veulent pouvoir choisir leurs tâches.
- Leur motivation est en yo-yo : elle fluctue et nécessite des stimulations régulières.
- Ils veulent apprendre en permanence : s’ils n’évoluent plus, ils partent (de peur d’être disqualifiés un jour).
- Ils souhaitent apprendre par le jeu, idéalement sur le schéma : un effort / une récompense / un effort / une récompense…
- Plutôt individualistes, ils préfèrent les relations choisies avec une ou deux personnes (« ils ont déjà 2000 amis sur les réseaux ») et sont peu sensibles aux dispositifs collectifs (On-boarding groupé, événements d’entreprise…). La notion de promotion ne les intéresse pas (dans les écoles…).
- Ils restent individualistes même quand ils sont en groupe : côte à côte, derrière leurs téléphones portables.
- Leur horizon est court : ils se projettent à 3 mois. De ce fait, évoquer des objectifs annuels n’a pas vraiment de valeur à leurs yeux.
- Ils ne revendiquent pas : si quelque chose ne leur convient pas, il peut leur arriver de ne pas revenir l’après-midi, sans prévenir personne.
- L’argent est important, ils veulent être payés à leur juste valeur. Mais ce n’est pas l’argent qui les fera rester (« ils n’ont qu’une vie »).
- Ils mélangent vie personnelle et professionnelle : l’entreprise doit apporter du sens et enrichir leur vie au-delà du travail.
- Ils font peu confiance aux institutions : l’école, les entreprises, les syndicats…, qui représentent surtout des usines à gaz à leurs yeux
🔍 COMMENT ATTIRER CETTE GENERATION Z DANS VOTRE ENTREPRISE ?
- Oubliez les canaux classiques : ils répondent peu aux mails, aux SMS, aux messages téléphoniques ou aux messages LinkedIn. En revanche, ils adorent les vidéos courtes et authentiques.
- C’est à l’entreprise de séduire : ils attendent un discours honnête et inspirant. Expliquez leur l’impact concret de leur futur métier, sa finalité, il faut les faire vibrer.
- Le processus de recrutement doit être rapide et fluide : plusieurs entretiens sur plusieurs mois, c’est non !
- Montrez leur où ils vont travailler : ils veulent voir l’environnement, rencontrer leurs futurs managers et sentir l’ambiance.
- Soyez proche et disponible : ils attendent un vrai contact humain, un manager impliqué et bienveillant.
🚀 LES INTEGRER EFFICACEMENT
- Commencez simple : confiez leur d’abord des tâches intuitives où ils peuvent réussir rapidement avec leurs compétences (le digital par exemple) et célébrez chaque victoire.
- Donnez du sens : expliquez clairement l’impact de leur travail sur l’entreprise et le monde qui les entoure. Ce qui va les rendre fiers.
- Si votre métier le permet, soyez flexible : 1 ou 2 jours de télétravail, horaires adaptés… : si cela n’entrave pas la qualité du travail ni la qualité des relations avec les clients et/ou usagers, tentez de remettre en question certains processus.
💡 les clés pour les motiver durablement :
- L’intérêt de la mission : ils veulent un travail stimulant et concret.
- La Qualité de vie au travail : ce dernier doit apporter quelque chose de positif à leur vie personnelle.
- Une Reconnaissance rapide et individuelle : ils sollicitent régulièrement leur manager, ils veulent partager, et attendent un feedback immédiat et authentique. Une réussite, même petite, mérite d’être soulignée.
- L’Autonomie et la variété : ils préfèrent explorer différents projets ou développer leur expertise plutôt que gravir les échelons hiérarchiques et avoir une autorité sur les autres (70% refusent de devenir manager : trop de contraintes et pas assez d’avantages, d’autant que le modèle managérial qu’on leur propose ne leur convient pas).
- La rémunération doit être individuelle (s’il y a une augmentation collective, cela ne compte pas)
- La culture d’entreprise, les grands messes, ne les intéressent pas vraiment. Ils sont surtout attachés à ce qu’ils vivent personnellement sur le terrain.
📌 ADAPTEZ LE MANAGEMENT :
- Encouragez l’expérimentation : adoptez une approche « test & learn », faites leur d’abord ressentir une émotion, puis passer à l’action, et en dernier, apportez leur des explications, du contenu (si vous commencez par expliquer les choses, vous avez toutes les chances qu’ils oublient au bout de quelques minutes).
- Expliquez le pourquoi : ils adhèrent aux consignes et aux contraintes uniquement si elles ont du sens pour eux, ou cela est imposé par la logique du métier.
- Devenez un coach : plus qu’un supérieur, ils veulent un manager utile (quel que soit son statut ou son ancienneté), qui les aide à progresser et leur apporte de la valeur concrète.
- Privilégiez les échanges courts et fréquents : ils aiment les contacts personnalisés, informels et réguliers plutôt que les longues réunions.
- Soyez exigeant et bienveillant : ils veulent être fiers de leurs performances tout en évoluant dans un cadre soutenant.
- Pour qu’ils acceptent un recadrage, il est essentiel de toujours relier leurs actions aux conséquences concrètes sur le travail ou les collègues. Expliquez leur en quoi ce qu’ils ont fait pose un problème, insistez sur les arguments qui les concernent eux, puis la logique du métier (inutile d’insister sur les obligations légales, auxquelles ils sont moins attachés).
📊 VERS UNE NOUVELLE CULTURE D’ENTREPRISE
Le plan de carrière de la Génération Z est remplacé par « priorité à ma vie ». Ils quittent une entreprise pour vivre autre chose, même si tout va bien au travail ou que les opportunités locales sont limitées. Curieux et mobiles, ils aiment découvrir le monde au-delà des frontières françaises.
Avec 50 % d’entre eux souhaitant devenir indépendants, une nouvelle façon de travailler semble inévitable.
La Génération Z met les entreprises face à leurs contradictions : elle pousse à plus d’authenticité, de flexibilité et de proximité.
Il s’agit d’une opportunité pour repenser les pratiques managériales et créer des environnements de travail plus dynamiques et agiles.
Comme l’a souligné Véronique Rousseau, la flexibilité dans la manière de gérer la vie du salarié est la clé pour réussir à travailler avec ces jeunes talents. Il faut accepter de changer les choses rapidement en fonction des besoins (comme nous avons su le faire au lendemain de l’annonce du Covid).
À nous de relever ce défi en transformant nos organisations pour accompagner cette nouvelle génération vers un avenir solide et enthousiasmant.
