En tant que parent, la tentation est forte de mettre un certain poids sur les épaules de nos enfants face aux résultats scolaires.
« Sans bonnes notes, pas d’études supérieures. Et sans études supérieures, pas de bon métier ni de bon salaire. »
En France, l’école n’a pas encore imaginé la possibilité de constituer des classes avec un mode d’apprentissage différent par styles d’enfants. Le discours est unique et descendant : le « sachant » explique puis contrôle et attribue des notes.
Or, nous savons tous qu’il est impossible d’être bon dans toutes les matières.
Il ne viendrait pas à l’idée à un Manager de reprocher à son collaborateur comptable d’être nul en peinture ou en rédaction.
Mais l’école part du postulat qu’il faut être suffisamment bon dans tous les domaines et que c’est aux enfants de s’adapter aux professeurs. Si leur profil de personnalité sort du cadre, s’ils n’arrivent pas rentrer dans ce moule, s’ils n’arrivent pas à retenir ou tout simplement comprendre ce que leur explique l’enseignant, bien souvent les notes chutent.
Attention, mon propos n’est pas de mettre sur le devant de la scène les écoles hors contrat qui misent sur une grande liberté de l’enfant.
Mais plutôt de souligner qu’entre ces 2 types d’enseignements, un juste milieu, qui relèverait du service public, pourrait sans doute être adopté.
Comme vous le savez, je suis une grande fan de l’ennéagramme.
C’est pourquoi j’ai pensé intéressant de tenter de décliner, pour chacun des 9 profils, l’attitude prédictive à l’école, puis plus tard dans la vie active.
Car ce n’est pas parce qu’un enfant s’est ennuyé à l’école ou qu’il n’a pas obtenu de bonnes notes qu’il sera le salarié en bas de l’échelle plus tard.
Les attentes des enseignants ont peu de choses en commun avec les attentes des employeurs (si on est salarié) ou des clients (si on devient chef d’entreprise).
Je vous livre le fruit de mes hypothèses, basées sur les principes de l’ennéagramme, dans la vidéo ci-dessous et dans le texte de cet article.
Sommaire pour accéder directement au profil Ennéagramme qui vous intéresse
Le Perfectionniste (1)
Enfant, le Perfectionniste est un bon élève. Sérieux, studieux, il travaille sans relâche et répond volontiers en levant la main dès qu’une question est posée. Il peut tout à fait faire partie des premiers de la classe, tant il attache d’importance au travail, au détail, à l’implication. Plus tard, lorsqu’il sera en poste, ce n’est pourtant pas forcément le Perfectionniste qui obtiendra les plus hautes fonctions. Car son sens du détail et son inquiétude face aux erreurs potentielles l’amènent à prendre beaucoup de temps pour contrôler ses tâches.
Il aura de ce fait des difficultés à se détacher de l’opérationnel pour s’élever vers une vision globale. Il ne lâchera pas prise facilement, n’osera pas sortir d’un cadre précis, dans le respect des codes et de la morale. Faire place aux idées, s’autoriser à la créativité, au pilotage d’une stratégie, prendre des décisions rapides, ne sont pas dans ses aptitudes naturelles.
Ce sera donc un très bon élément, sur qui on peut compter, qui se mettra beaucoup de pression pour dénicher les erreurs. Mais il ne sera pas très à l’aise avec des fonctions impliquant de grosses responsabilités.
L’Altruiste (2)
A l’école, l’Altruiste fera son maximum pour bien travailler afin d’être apprécié par ses professeurs. Pas forcément en peaufinant son travail, mais en exprimant un bon relationnel et créant ainsi un attachement à l’enseignant. L’Altruiste est quelqu’un de déterminé et plutôt confiant, il se donnera donc les moyens d’avancer. Surtout s’il sent que son implication finit par payer et qu’on lui reconnait son dévouement. Mais sa volonté d’aider les autres et d’entrer en fusion avec eux (provoquant parfois le sentiment d’être « envahi ») peut nuire à l’image qu’il renvoie à ses camarades.
Une fois dans la vie active, notre Altruiste, s’il n’a pas pris de recul sur son penchant naturel à vouloir trop en faire pour les autres (et ce, même s’ils n’ont rien demandé), finira par se sentir pris au piège, entouré de personnes qui « l’utilisent ». Comme il a du mal à dire « non » et qu’il se sent surtout exister lorsque l’on a besoin de lui, il pourrait avoir tendance à en faire trop. Il sera donc un bon candidat au surmenage.
En revanche, s’il prend ce recul, s’il fixe des limites et qu’il apprend et se respecter, alors l’Altruiste pourra occuper de hautes fonctions dans l’entreprise car sa détermination et sa bienveillance, ainsi que sa capacité à encourager les équipes pour les faire monter en compétences, en feront un Manager très apprécié.
Le Battant (3)
A l’origine, notre Battant a pu grandir dans 2 environnements différents :
a) Ses parents lui ont fait comprendre qu’il fallait cranter toujours plus au niveau des notes (« Quoi ? Tu as eu 18 ? Mais pourquoi n’as tu pas obtenu 20 ? »).
b) Sa situation personnelle n’était pas fameuse et il s’est juré de se sortir de là pour réussir dans la vie.
A l’école, les comportements eux aussi peuvent varier de 2 façons :
a) Le Battant s’ennuie, car l’école est théorique, alors que son raisonnement est pragmatique. Les objectifs ne sont pas clairs et précis comme il le souhaite. Donc il décroche. Et obtient des notes moyennes (un minium de travail la veille pour un maximum d’efficacité) ou mauvaises.
b) Il travaille car ses parents sont derrière lui et il a besoin d’obtenir de la reconnaissance sur ses résultats. Il va donc adopter une posture d’écoute, d’analyse et poser les questions attendues par les enseignants, voire se lancer dans des débats pour briller.
A noter : si la pression des parents est trop forte (surtout s’ils sont eux-mêmes 3 ou 1), l’enfant peut développer des comportements borderline, tant son estime de lui sera affectée en cas d’échec scolaire.
Le Battant se révèle plus fréquemment après le lycée, une fois que les études deviennent (enfin) concrètes.
Une fois en entreprise, le Battant est l’un des 2 profils ennéagramme (avec le Meneur) qui aura le plus de chances de gravir les échelons.
Car il est assez ambitieux, se donne les moyens d’atteindre ses objectifs, déploie une stratégie gagnante (généralement sur des objectifs moyens et court terme) et s’adapte à peu près à tout ce qu’on lui demande.
C’est d’ailleurs sur ce dernier point qu’à un moment donné, il finira par ne plus savoir qui il est. En effet, sa capacité à faire « comme si » lui fait parfois ressentir le syndrome de l’imposteur. Mais surtout, son incroyable adaptabilité (aux entreprises ou aux gens qui l’entourent) l’amène à foncer tête baissée sans se demander si ce nouveau challenge lui plait vraiment ou s’il s’y reconnait au niveau des valeurs.
En résumé, c’est un profil fait pour réussir, il aime les responsabilités et vise souvent le challenge d’après. C’est pourquoi de nombreux Battants occupent des fonctions managériales.
Le Créatif (4)
C’est à la base une personnalité sensible, un peu solitaire, qui recherche le côté « unique » et original des choses. A l’école, le Créatif sera capable de s’isoler dans la cours de récréation pour voir si des camarades vont venir vers lui. Si ceux-ci ne viennent pas, il sera conforté dans sa certitude d’être incompris. Il vit dans sa bulle et peut donner l’impression de ne pas écouter l’enseignant. Son imaginaire est en effet très riche. S’il se sent vraiment très différent, il peut finir par se mettre en marge des autres enfants, voire devenir un souffre-douleur.
Mais ce fond de sensibilité et de réceptivité « à fleur de peau » peut être gommé au profit de 2 tendances présentes chez le Créatif :
a) D’une part, son goût de l’excellence : si les matières le motivent, il peaufinera son travail jusqu’à rendre une œuvre d’art. Il aura ainsi tendance à ressembler au Perfectionniste.
c) D’autre part : sa quête d’authenticité dans ses relations aux autres l’amène à s’intéresser à eux de façon individuelle et chaleureuse. Ce qui peut alors le faire ressembler à l’Altruiste.
Clairement, notre Créatif ne sera pas très à l’aise dans un « moule » une fois dans la vie active.
S’il travaille en entreprise, il sera brillant dans tous les métiers qui lui permettront d’exercer sa créativité (que le contenu soit généraliste ou très technique). Mais il aura du mal à gérer les obligations bassement réalistes (tout ce qui est terre à terre ou superficiel) ainsi que les obligations « relationnelles » (le Créatif ayant souvent besoin de se retirer dans son imaginaire pour se ressourcer).
Il connaitra son apogée s’il travaille à son compte (soulignons toutefois que certains Créatifs ont peur de devoir s’assumer seuls).
Les Artistes en sont le parfait exemple. En effet, ils excellent dans leur Art, peuvent obtenir des prix, gagner beaucoup d’argent. En étant uniques (et donc eux-mêmes), quand bien même ils auraient été des élèves « à part » et peu motivés à l’école.
L’Investigateur Observateur (5)
L’Observateur est souvent brillant à l’école.
Il a besoin d’approfondir ses connaissances en permanence pour se sentir à l’abri des autres. C’est donc un enfant qui aura tendance à s’intéresser à tous les sujets en poussant son savoir à l’extrême. Il cherchera de l’information additionnelle en dehors des cours. A travers la lecture, des tuto sur internet, ou encore via des conférences. Il sera capable de démonter une machine puis de la remonter pour comprendre comment elle marche. Sa capacité à apprendre est intarissable. Le savoir le rassure.
En revanche, il sera d’un naturel très réservé, voire secret, et aura donc peu d’amis dans la cours de récréation. Le forcer à s’exprimer sur lui même serait vécu comme une véritable intrusion.
Une fois dans la vie active, ce profil a toutes les chances de devenir un Expert sur des thématiques complexes. Il possède une vision stratégique et aime réformer les systèmes.
C’est l’un des rares profils qui se satisfait de rester toute la journée derrière une machine ou un écran, sans contact avec les autres. Il va donc pouvoir gravir les échelons dans certains domaines très particuliers, notamment la recherche ou la médecine, qui sont des disciplines où l’humain n’est pas un incontournable pour évoluer. Il pourra aussi devenir Directeur sur des Pôles d’expertise. Mais il sera rarement pressenti pour des postes de Direction plus généralistes, où la dimension managériale prédomine. Car le partage d’informations et la relation à l’autre reste une difficulté pour lui.
Le Loyaliste (6)
Le Loyaliste est quelqu’un d’engagé, qui veut être à la hauteur de la confiance qu’on lui accorde (ses parents, ses professeurs). Il va donc tout donner pour bien travailler et obtenir de bonnes notes. Sans forcément prendre de hauteur sur ce qu’on attend de lui. Ainsi (et c’était mon cas lorsque j’étais enfant), il aura tendance à apprendre ses cours par cœur afin de se rassurer. Car le Loyaliste n’a généralement pas une grande confiance en lui. C’est un élève sage et discipliné, qui se fond dans le groupe. Mais il est par ailleurs anxieux et obtient des notes moyennes ou bonnes grâce à une grosse quantité de travail (j’irai même jusqu’à dire que c’est un « laborieux »).
En entreprise, notre Loyaliste sera un collaborateur dévoué. Attaché à la figure du Mentor, il donnera tout pour son Manager, s’il l’estime de confiance et si celui-ci partage ses valeurs.
Il pourra évoluer vers des fonctions managériales mais aura des difficultés à se situer un cran au-dessus de ses collaborateurs (il aura plutôt tendance à parler d’eux comme étant « ses collègues »).
N’étant pas particulièrement ambitieux, c’est sa compétence qui l’amènera à évoluer pas à pas. Le Loyaliste n’a pas toujours une vision globale (il est surtout à l’aise dans le concret et l’opérationnel), c’est pourquoi on le retrouve rarement dans les plus hautes fonctions, d’autant plus qu’il a besoin d’être rassuré et que trop de responsabilités pourraient le déstabiliser.
L’Enthousiaste Epicurien (7)
Enfant, l’Enthousiaste ne sera pas très à l’aise à l’école. Son besoin de liberté et de variété est contraire au quotidien imposé par l’Education Nationale.
Il aura envie de bouger, de faire appel à sa créativité et à son sens du relationnel, de se faire plaisir, d’être entouré de gens positifs. C’est un élève innovant et débrouillard, mais qui a du mal à se concentrer. Or, on lui demandera de s’intéresser à des matières sérieuses et en profondeur, dans un cadre rigide et donc ennuyeux à ses yeux.
Si notre Enthousiaste tend vers un métier qui lui permet de nourrir ses besoins : créativité, lien social, absence de routine et de contraintes, indépendance, il n’aura aucun problème pour évoluer et être reconnu, voire très (re)connu. On le retrouvera par exemple dans des métiers artistiques ou libéraux, tels qu’humoriste, photographe, ou encore formateur…
L’Enthousiaste est rarement salarié, il devient plutôt indépendant.
Attention je dis bien indépendant, et non chef d’entreprise, car il préfèrera éviter les obligations liées au management.
Le Meneur (8)
A l’école, le Meneur va avoir tendance à se demander ce qu’il fait là et à s’ennuyer. Il a besoin de choses concrètes, or, tout est théorique. Et il a besoin de prendre les rênes, or, on lui demande d’obéir.
Par contre, une fois en entreprise, c’est celui qui aura le plus de facilité à piloter, décider, avancer, et prendre des risques. C’est pourquoi on le trouve souvent aux postes de Direction et Direction Générale. Car notre Meneur n’est pas partageur et veut exercer son pouvoir pleinement. Il est reconnu pour sa vision stratégique et sa capacité à se projeter sur le long terme. Il n’a peur de rien et déroule son plan d’action, en supprimant les obstacles au fur et à mesure qu’ils se présentent sur son chemin, sans se poser de question. Sûr de lui, il dit les choses avec beaucoup de franchise. Ce qui pourra l’amener à être évincé d’un poste clé s’il n’arrive pas à faire preuve d’un peu de diplomatie de temps en temps. Rien de déroutant pour lui qui a l’habitude de partir au combat et de rebondir, sûr de ses capacités.
Le Pacificateur Médiateur (9)
Enfant, le Pacificateur sera souvent dans sa bulle, surtout si on l’oublie. Conciliant, ouvert aux autres élèves, discret, il travaillera lorsque c’est vraiment nécessaire, plutôt au dernier moment.
L’une des particularités du Pacificateur est sa tendance à procrastiner et à s’intéresser à de multiples sujets en dehors de son champ de priorités. C’est donc un élève qui ne se fera pas trop remarquer mais qui pourrait se laisser aller à ne pas faire grand-chose, si son environnement familial est défavorable ou en tout cas, pas vraiment derrière lui.
Par contre, si l’enseignant le challenge un peu et s’intéresse à lui un minimum, cela pourra réveiller son goût caché pour la compétition et ainsi le mettre en mouvement.
Une fois dans la vie active, le Pacificateur restera égal à lui-même : discret, avenant, aimable avec ses collègues, curieux de tout, disposant de bonnes aptitudes analytiques, avec une vie intérieure riche et une petite difficulté à gérer ses priorités.
Il avancera tranquillement, sans se faire trop remarquer, et pourra être amené à prendre des responsabilités au fil de l’eau, sans forcément avoir posé d’actions précises pour en arriver là.
Mais sa difficulté à prendre des décisions et à gérer les conflits peuvent l’entraver dans son évolution professionnelle.
Voilà, j’espère que ce résumé vous aura éclairé sur nos différences de comportements entre l’enfance et l’âge adulte.
Comme je l’évoquais en introduction, rien n’est joué d’avance.
Car nos personnalités bougent avec l’âge et en fonction des évènements qui viennent se placer sur notre route.
Ainsi, autour de notre « base » ennéagramme, nous développons toute une palette de nuances, et en particulier les « ailes » (qui sont le chiffre juste avant et le chiffre juste après notre base ennéagramme).
Plus nous travaillons sur nous-même, plus nous gommons les aspérités qui pourraient nous empêcher d’être la meilleure version de nous même.
Toutes les bases ennéagramme présentent des atouts utiles pour faire tourner le monde :
- Le Perfectionniste est la conscience éthique du monde.
- L’Altruiste apporte l’amour au monde.
- Le Battant permet au monde de se réaliser.
- Le Créatif transfigure le monde.
- L’Investigateur est la logique et la précision du monde.
- Le Loyaliste est la loyauté et le collectif du monde.
- L’Enthousiaste est la joie du monde.
- Le Meneur est la force du monde.
- Le Pacificateur est le gardien de l’harmonie et de la paix du monde.
Comme vous le voyez, nous avons tous un rôle à jouer pour contribuer au monde.
Chacun compte, chacun a sa place.
C’est ce qui rend notre métier si riche et si passionnant, que ce soit au travers de nos activités de recrutement, d’orientation scolaire, de bilan de compétences, ou de GEPP (Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels).
Envie d’en savoir plus sur nos accompagnements avec l’Ennéagramme ?
Appelez nous au 04 93 35 04 76.
A bientôt !
Sophie